Be One Marie-Pier Prefontaine - Lange Skiboots | Lange -

Be One Marie-Pier Prefontaine Du ski racing au Freeride

L’envol de Marie-Pier Préfontaine vers la liberté.

Hiver 2018. Georgie.

Au-dessus d’elle, les à-pics sont immenses. Peu importe les nuages et une neige croûtée, Marie-Pier se souviendra toute sa vie de l’expérience, de ce trip fondateur qui signe l’entrée dans sa deuxième vie. Cet Into The Wild, qu’elle connaît de son Canada natal, lui semble d’un coup plus petit. Dans cette exploration en compagnie de ses nouveaux amis, la freerideuse Québécoise Sophie Lechasseur, l’Américain Forrest Coots, elle dit avoir beaucoup appris. «C’est un nouveau terrain qu’il me faut évaluer et j’ai aimé le découvrir dans cet état d’esprit, cette super team ». 

Découvrir : cela fait seulement deux ans que la jeune femme a plaqué les piquets pour la poudre.

Et quand elle parle de sa vie d’avant, de ses 10 ans de carrière en coupe du monde, en géant et super G, c’est sans regret ni rancune. «J’ai aimé ça, la race. Je viens d’une famille de skieurs, ma mère m’a coachée jusqu’à 15 ans.

 

A 16, j’ai intégré l’équipe nationale. Dix ans de bonheur, jusqu’à cet entraineur avec qui ça ne matche pas….» Routine, pression. « J’étais dans le top 10 mais je ne pensais plus qu’à rentrer chez moi, à Saint-Sauveur.» Burn-out. Game-over.

Marie-Pier est alors à Revelstoke, avec une amie qui l’entraine faire sa toute première randonnée à skis. «Lors de cette journée, j’ai découvert un autre monde, parallèle, auquel je ne m’étais jamais intéressée… Tellement concentrée sur ma carrière, je n’avais pas le temps…Cette rando m’a ouvert les yeux, c’était tellement relaxant, tout ce silence, éprouver le temps de la montée, suer, moi qui n’ait pris pendant toutes ces années que des télécabines. J’étais tellement bien…»

Un nouvel entraineur a beau faire son apparition dans le décor, la skieuse n’a plus la foi. La descente ? Elle trouve ça « flat ». Le circuit l’ennuie. On est en mai 2016. «J’ai pris ma retraite, mon camion, et je suis partie à Whistler.»

Mais cette dernière année sur le circuit lui apporte une révélation

Et là c’est le fun.

UNE NOUVELLE VIE

être libre d’aller rider quand je veux, où je veux, sans toute une organisation derrière moi

 

«Ce qui m’éclatait, c’était de faire quelque chose de différent, d’être libre d’aller rider quand je veux, où je veux, sans toute une organisation derrière moi. De réapprendre à skier.» Pour passer de la glace à la poudre, MPP doit en effet bûcher : sa lecture des lignes, mais aussi, ce qui fait beaucoup rire ses compagnons de reconversion, désapprendre à carver dans la fraîche. « Il a fallu que je me laisse glisser, et moi qui avais l’habitude d’aller vite, j’avais la sensation d’être au ralenti dans tout ce coton…»

L’adrénaline est pourtant là. Quand la skieuse, en haut d’une corniche doit se lancer sans savoir si ça passe, le cœur monte dans les tours. Et c’est tout son passé millimétré de raceuse qu’elle doit oublier pour affronter un terrain de jeu où elle place elle-même les règles et les frontières. Une impression de liberté qui donne le tournis. Et puis il a bien sûr fallu s’habituer au matériel. Passer du long au large, du dur au mou. « Au début, je voulais toujours avoir des longs skis, des chaussures bien dures. Comme en race. J’ai failli rendre fou le représentant Lange à qui j’ai dû demander de tester toutes les tailles, tous les genres ! Puis, en skiant chaque jour, j’ai peu à peu affiné mon propre style et changé pour des planches plus courtes, plus joueuses, et les chaussures qui vont avec, moins raides, plus confortables. »

Marie-Pier se dit chanceuse d’être accompagnée dans sa mue, qui a débouché sur le profil voulu : une botte étroite, serrée à la cheville, suffisamment technique pour attaquer à la descente, tout en restant cosy à la montée.

Whistler

LES DEUX DERNIERS HIVERS

 A Whistler, ces deux derniers hivers, la néo-freerideuse n’a pas perdu de temps. Elle prend aussitôt contact avec un guide de haute-montagne qui lui apprend le mode glaciaire et ses risques, participe à des ateliers de secours. Puis, elle se constitue un petit clan d’amis de confiance et commence à rider les alentours avec assiduité. « Cet hiver, je vais travailler dans des lodges d’altitude pour engranger encore plus d’expérience. Je ne veux pas devenir guide, mais avoir les compétences nécessaires pour pouvoir exploiter au maximum mon nouveau terrain de jeu.»

A l’orée 2019, le paysage se dégage avec, entre autres, des projets de tournage. « Et puis je veux apprendre encore et toujours. Cet hiver, je vais prendre des cours pour savoir piloter une motoneige : en Colombie Britannique, c’est tellement vaste, tout est loin, au cœur de la nature sauvage, et j’ai envie de la rider à fond !»

Rattraper le temps perdu, de la poudre jusqu’aux genoux.  

Rattraper le temps perdu

de la poudre jusqu’aux genoux